le p'tit creme
Gaston Couté
Gaston Couté
François Béranger
Gaston Couté était fils d'un meunier. Il quitta l'école, qu'il s'était mis à détester à l'adolescence, avant le baccalauréat. Il fut alors commis auxiliaire à la Recette Générale des impôts d'Orléans, puis travailla pour un journal local, Le Progrès du Loiret. Il commença à publier ses poèmes dans des feuilles locales, et à en composer en patois. Il les fit entendre à une tournée d'artistes parisiens de passage. Ayant reçu quelques encouragements, il se décida, en 1898, à monter à Paris. Il avait dix-huit ans.
Après quelques années de vaches très maigres, il y obtint un certain succès à réciter ses poèmes dans les cabarets. Il collabora à la revue La Bonne chanson de Théodore Botrel. On peut dire qu'il représentait une version rurale de Jehan-Rictus, lequel l'avait aidé à ses débuts. Il écrivait également des chansons d'actualités pour des journaux anarchistes La Barricade et surtout La Guerre Sociale.
La fin de sa vie allait lui être difficile : la tuberculose, l'absinthe, la privation (l'approche de la guerre qui favorisait les chansonniers cocardiers au détriment des anarchistes). Il mourut vingt-quatre heures après avoir été conduit à l'hôpital Lariboisière.
« Après sa mort à l'hôpital, derrière le corbillard que suivaient quelques écrivains amis, le vieux père de Couté était en tête, vêtu de sa blouse de meunier, appuyé sur un bâton. Il regarda le cercueil que l'on recouvrait de terre et s'écria : “T'as voulu v'nir à Paris. Eh ben, t'y v'la !” »
(Michel Ragon, Histoire de la littérature prolétarienne)(hélas une légende qui a la vie dure...)
Les poèmes de Gaston Couté ont depuis régulièrement été mis à l'honneur : disques et spectacles (Gérard Pierron, Bernard Meulien, Claude Antonini, Compagnie Grizzli, Compagnie Philibert Tambour, Le P'tit Crème, Hélène Maurice...) et quelques interprètes de marque : (Édith Piaf, Bernard Lavilliers), rééditions, sites web... Certains groupes de musique contemporaine (rap, électro, techno) et hip-hop comme jazzkor , et les 1871 ont aussi repris dans son répertoire .
Voilà encore des gars qui font reluire le Gaston comme un sou neuf… Ça swingue, ça balance, un peu manouche, un peu musette. Un beau p'tit n'accordéon, la belle guitare et la voix de Jean Foulon et les autres derrière, François , Bruno, Michel et Cédric, tous derrière, mais bien présents ! Des musiques à eux, quelques reprises, mais tellement lointaines des originales, totalement "digérées".
Et puis ces gars généreux accordent quatre plages de leur CD pour quatre textes dits par Bernard, celui dont Claude Duneton parle dans son livre "La mort du français" comme d'un "paysan qui dit Couté comme un prince"…
LES ELECTEURS :
Les conscrits
La paysanne
Les électeurs (texte dit par B. Gainier)
Le petit qui pleure
Le patois de chez nous
Le foin qui presse (texte dit par B. Gainier)
La Julie jolie
Va danser (musique de M. Legay)
Le gas qu'a perdu l'esprit (musique G. Pierron)
Le christ en bois (texte dit par B. Gainier)
En revenant du bal
Le charretier (texte dit par B. Gainier)
Les cailloux (musique G. Pierron)
Leurs "Conscrits" sont un peu manouches, même beaucoup, et on a presque envie de les suivre au pas, ces cons-là (je parle des conscrits)…
Encore la belle guitare de Jean Foulon sur la "Paysanne", terriblement actuelle :
Et méprisons la gloire immonde
Des héros couverts de lauriers :
Ces assassins, ces flibustiers
Qui terrorisèrent le monde !
Une chanson à faire chanter par le public… qui pourrait bien remplacer les Mangeux d' terre qu'on chante habituellement à la fin des soirées Couté.
Avec le "Petit qui pleure" ils ont choisi un texte moins connu pour en faire une jolie ballade mélancolique.
Leur "Patois" de chez eux balance aussi pas mal… et la voix de Jean Foulon est claire et nette : on n'en perd pas une bouchée, on entend les textes !
Ils reprennent aussi deux tubs de Gaston, chantés autrefois par Edith Piaf : la "Julie jolie" et "Va danser". La Julie jolie sur une musique à eux, Va danser sur la musique de Marcel Legay chantée par Jean avec sa seule guitare.
Puis le très beau "gas qu'a perdu l'esprit", un des grands moments de l'album !
Avec "En revenant du bal", autre merveille, très swing, très rapide… Merde ! C'est beau…
Et puis les "Cailloux", plus classique, moins innovant, mais toujours très beau...
Ils laissent quatre textes à l'agriculturé de Meung : Les "Electeurs" (qui est le titre de l'album… bizarre ?), "Le foin qui presse", "Le christ en bois" et "Le Charretier". De la belle ouvrage de bon paysan ! Bernard dit Couté, comme il respire…
Fondé en 1992, ce groupe orléanais mêle chant, mandoline, basse, accordéon, guitare et percussions. Il joue du blues, du country et du folk, en interprétant le poète bauceron Gaston Couté.
Animés par la passion de la musique, cinq copains saranais ont décidé de créer, en 1992, un orchestre associatif: " Le P'tit Crème ".Jean, "le gaucher", guitariste chanteur, François, bassiste, Bruno, guitariste joueur de mandoline et Dominique, percussionniste, se retrouvent à l'époque autour de Rachel, la chanteuse du groupe, pour interpréter "un peu de tout", comme ils disent. Mais le groupe a aussi ses créations, qu'il mêle aux standards folk de la chanson française.
Un répertoire varié très cosmopolite, présenté lors des fêtes populaires saranaises et des villes environnantes-Ils sont alors remarqués pour la première fois à la fête de la CGT en 1993 par Claude Antonini, actrice et chanteuse, qui leur offrira la première partie de son spectacle à la salle de l'Institut.
" Un souvenir mémorable " selon le groupe, mais aussi un déclic, puisqu'ils décident, dès lors, de chanter du Gaston Couté. Le succès ne se fait pas attendre, malheureusement sans Rachel qui, pour des raisons professionnelles, doit quitter le groupe.
En bref, une histoire de copains qui se poursuit aujourd'hui par la création d'un premier CD (disponible à l'adresse ci-dessus contre un chèque de 105 F à l'ordre du P'tit Crème). Un album d'une quinzaine de titres, qui reprend avec émotion, les superbes textes engagés, d'un poète souvent incompris dans notre région.
Les musiciens du " P'tit Crème " aimeraient bien lui lancer un autre clin d'œil en interprétant ce répertoire dans sa ville natale de Meung-sur-Loire.
LA REPUBLIQUE DU CENTRE – 20 JUILLET 1998
Dimanche 15 octobre 2000 – Bibliothèque d'Auxerre
Ils avaient fait ça bien à la bibliothèque d'Auxerre! Partout sur les murs, sur les vitres et même sur l'ordinateur qui gère les prêts, l'affiche rouge du P'tit Crème avec un énorme Gaston buvant son café… Pas mal ! Ils auraient pu faire de cette journée du livre une journée Prévert comme tout le monde. Non ! Couté… Et pourtant ici, il y en a des clochers. A première vue, c'est pas des anars dans le coin ! D'ailleurs, la bibliothèque municipale ressemble à une église laïque, mais sans clocher ni cloches à l'intérieur…
Le spectacle était à 15h30… dans l'auditorium ! Oui, l'auditorium… Si Couté avait su qu'un jour il aurait sa place dans un auditorium, il ne serait pas monté à Paris, il serait venu à Auxerre… comme entraîneur de foot peut-être. Parce que, quand même, il y avait foot ce jour-là : la Bourgogne allait se taper sur la gueule avec le Bordelais. Et les affiches du match étaient encore plus grandes que celles de Couté et puis ils en avaient mis partout ! Gaston allait avoir la partie difficile !
Et finalement, non ! L'auditorium était plein… Il y avait au premier rang trois dames d'un âge respectable qui avaient dû se dire que le P'tit Crème ça devait être un thé dansant ou un goûter. Dans le fond, habillés tout en sport avec la casquette de rappeur, étaient assis quatre petits beurs (je ne savais même pas qu'il y avait une banlieue en Bourgogne) : Nick Gaston, ça sonne un peu la zone ! "Il a soupé du louép de su' le tenv' à la rètte..." Il y avait même le pharmacien d'Auxerre, avec sa femme et ses deux fils, aussi mon beau-frère, ma belle-sœur et mes neveux. Bref ! Il était plein comme un œuf, l'auditorium…
Et en face, les gars du P'tit Crème avec tous leurs instruments. De gauche à droite, Michel Monnier à l'accordéon,François Gerbel à la basse, Cédric Vingerber à la batterie (plutôt un ensemble de gamelles en cuivre et de poêles à frire), sur le devant de la scène la guitare et le tabouret de Jean Foulon,le chanteur, et enfin Bruno Méranger à la guitare électrique près de la mandoline. Plus loin, dans un coin, Bernard Gainier, qui avait déserté ses bords de Loire pour les bords de l'Yonne. Les gars étaient un peu tendus quand même, pas trop tournés vers la contrepèterie pour le quart d'heure…
La presse locale, barbichette en bandoulière, fit son entrée et nous photographia. Deux flashes ! Je me demande à chaque fois pourquoi la presse locale, toujours libérée et/ou républicaine, prend des photos des spectateurs… J'imagine la tronche de mon beau-frère quand il va se voir dans le journal. Alors, Monsieur écoute du Couté ? Monsieur ne va pas au football ? Dur à gérer, tout ça… Moi, je m'en fous : je n'habite pas là-bas…
Et puis, Hélène de la bibliothèque a introduit (c'est comme ça qu'on dit ?) le P'tit Crème. Et Bernard s'est levé, nous a dit qu'il se demandait bien ce qu'il était venu faire si loin de ses poules et ses canards. Il nous cita du Dimey !!! Du Dimey qui parlait de Couté :
"J'entend les violons... T'en souviens-tu, Marie?
Va danser...Taisons nous pour mieux les écouter.
Allons rue St Vincent...Je t'aime bien, Marie...
Puis nous remonterons la rue Gaston Couté."
Et nous eûmes pour commencer "La dernière bouteille"… Je ne le répèterai pas à chaque fois, mais la prestation fut très bonne, la musique très belle, avec des adaptations très personnelles (des musiques de Gérard Pierron ou Marc Robine), mais surout des musiques originales… et le public fut excellent. Un p'tit coup de jeune au Gaston, ça ne fait pas d' mal ! Ce fut ensuite "Le gars qu'a perdu l'esprit". Et là, les p'tits beurs se levèrent… J'ai eu envie de leur dire :"Restez et écoutez ! Gaston , c'est le grand père de tous vos Stumy, MC et compagnie ! C'est un rappeur ! Il se sert de sa langue pour dénoncer…" François, à la basse, les a regardés en souriant. Et moi je n'ai rien dit…
Bernard, qui en plus d'être agriculteur et parfois consultant sur France-Culture, est aussi historien et géographe, nous expliqua qu'au moment de la Commune les Versaillais avaient été obligés de réquisitionner des terrains pour pouvoir en faire des cimetières et ainsi faire face à la demande, et notamment des terres appelées "champs de navets", qui arrivés en Beauce étaient devenus le "Champ de naviots"… D'où le titre de la chanson bien connue… qui n'est pas le "chant de naviots", comme ertains l'ont cru ! Puis il nous expliqua – mais là je doute quand même… - que le Missouri et le Mississipi étaient des affluents des Mauves, que les champs de blé qu'on voit près d'Orléans sont en fait des champs de coton et que la version blues du "Déraillement" était la version d'origine que Couté aurait chantée ! Pas sûr ?
Pour nous convaincre, il enchaîna avec "Le gars qu'a mal tourné" et "L'odeur du fumier", s'accompagnant uniquement de son patois et du sourire narquois qui fleurit sous sa fine moustache de mousquetaire. C'était parti ! Il avait conquis les trois dames respectables du premier rang, qui avaient déjà oublié leur thé dansant…
Les P'tit Crème revinrent pour "La complainte des Terr' Neuvas", "La Toinon", "L'amour anarchiste" et une petite nouvelle, toute mignonne et bien faite, "En revenant du bal". Ensuite, Jean, seul à la guitare, nous fit un très émouvant "Ramasseux d' morts".
Ils redonnèrent alors la parole au barde gaulois qui se lança dans "Les Gourgandines". Quelle entreprise ! Près de cent vers à balancer comme ça… Il faillit même se planter "au mitan du frayé", mais une des dames respectables le ramassa en lui soufflant… les quelques mots qui le firent repartir. Attention, Bernard ! On ne rigole plus : des spécialistes sont dans la salle !
Et encore des chansons, qui swinguent et balancent, des blues musette : l'accordéon qui danse, la guitare qui pleure, la mandoline qui rigole ! Très chouette ! Vous auriez dû venir… J'ai attendu mon ami du Québec jusqu'à 10 heures du matin… et puis j'y suis allé sans lui ! Il aurait pu entendre "Après Vendanges", "A l'auberge de la route", "Le fondeur de canons", "Sur la grand ' route" et la "La Julie jolie", encore plus jolie que d'habitude, une nouvelle Julie, pas triste, plutôt java… "La Julie jolie, tsoin, tsoin !" Pas mal ? Plutôt bien même. Vous auriez dû venir…
Pour répondre aux demandes de son fan club, les trois gourgandines du premier rang, Bernard nous dit "Monsieur Imbu" et "Les conscrits"…
La prochaine fois, on aura droit à une version chantée des Conscrits, mais elle est encore en préparation : elle était encore un peu trop jeune, mais en mars elle sera à point. Et pour finir, une très belle version des "Cailloux" sur une musique de Gérard Pierron…
Mais… il y a toujours un mais… Dans le public, quelqu'un aurait aimé entendre autre chose… Non, pas "Les conscrits", pas "L'idylle des grands gars..." Non ! Autre chose… Bernard chantant comme Freddy Mercury (il en a déjà la moustache) "We are the champions" avec l'accent de Meung-sur-Loire… Mais ce sera pour une autre fois !
Salut ! Vous auriez dû venir… d'autant que Bordeaux a battu Auxerre...
Père « de tous les Brassens »
Gaston Couté est né à Beaugency dans le Loiret, le 23 septembre 1880, puis habitant dès 1882 à Meung sur Loire " le méchant bourg de trois mille âmes...". Son père était meunier au Moulin de Clan, au hameau de Roudon.
Certificat d'études primaire à 11 ans, puis lycée Pothier à Orléans, (où il connaîtra Pierre Dumarchey, futur Pierre Mac Orlan), lycée qu'il quittera à 17 ans pour travailler à la recette générale d'Orléans. Mais il ne se sent pas fait pour cette vie-là !
Dès son plus jeune âge, il est confronté aux règles, coutumes, traditions et rapports de force d'une société rurale cramponnée à sa terre et à ses valeurs ancestrales, au premier desquelles la religion, fonctionnant sur une organisation sociale et des rapports de classe quasi féodaux.
Adolescent, il commence à écrire ses premiers poèmes, dans lesquels il porte un jugement sans complaisance sur le monde paysan qui l'entoure. Pour s'exprimer, il emploi le patois beauceron, il célèbre tout ce qui touche la nature avec ses beautés et ses bienfaits, tout en dénonçant avec force les riches fermiers qui exploitent les journaliers. Il fustige également les hypocrisies sociales et les faux bons sentiments...
1898 : devenu reporter au " Progrès du Loiret ", il publie ses premiers poèmes dont " Le champ de Naviots ". En Octobre de cette même année, il monte à Paris : premiers cabarets Boulevard Rochechouard, puis " L'Ane Rouge " avenue Trudaine et " Les Noctambules " où il rencontre Jehan Rictus, l'auteur des " Soliloques du pauvre ". D’autres célèbres cabarets Montmartrois l’accueilleront, " Les Funambules "," Le Carillon " etc… Avant de connaître le succès, l’un de ses premiers cachets artistiques fut pourtant... Un p’ tit crème !!!
Eté 1899 : voyage à pied avec Maurice Lucas de Paris à Gargilesse (36) pour répondre à l’invitation de Gabriel Lion et de Claude Jamet, artistes en ce village... Itinéraire passant par Orléans, Blois, Cour-Cheverny, Romorantin, Mennetou, Vierzon, Mehun sur Yèvre, Bourges, St Florent, Issoudun, Châteauroux et enfin Gargilesse, puis retour à Paris. Au cours de cette équipée, Couté déclame ses textes, le soir, tandis que Lucas exécute sur le vif des pastels qui sont vendus au cours d’une tombola.
A Châteauroux, ils sont accueillis au Pierrot Noir, cabaret renommé à l’époque, et le texte des Conscrits naîtra vraisemblablement à Déols, où il provoquera d’ailleurs quelques incidents, d’après les souvenirs de Maurice Brimbal, du Pierrot Noir.
1899 -1900 : il n'a pas vingt ans et il écrit ses plus beaux poèmes dont L'Ecole, Le Christ en bois, Les Gourgandines. Il prend souvent alors le pseudonyme de Pierre Printemps ou de Gaston Koutay.
1902 : période de succès dans les cabarets. Il rencontre notamment Poulbo, Modigliani, Picasso, etc... au " Lapin Agile ", l’un des plus célèbres cabarets Montmartrois.
1910 : il collabore aux revues "la Barricade" et "La Guerre Sociale" avec des chansons d'actualité.
28 Juin 1911 : décès à l'hôpital Lariboisière, d'une phtisie galopante - tuberculose - qui l’emporte en quelques jours. Il avait 31 ans.
En 1916, un "poilu" de la guerre 14-18, jeune professeur de lettres, Romain Guignard, natif de la région d’Issoudun, s’efforce de retrouver l’œuvre du Poète, dont il a découvert les textes, dans les tranchées, dits par un soldat ! Dès lors, sa vie durant, il n’aura de cesse de les mieux faire connaître.
En 1928 les textes sont regroupés et édités sous le titre :
" La Chanson d'un Gâs qu'a mal tourné "
1957 : A deux pas du Lapin Agile, à Montmartre, une rue est inaugurée Rue Gaston Couté.
Années 1970 : Vania ADRIENSSENS, Bernard MEULIEN et Gérard PIERRON ainsi que les Editions" Le Vent du Ch'min " nous font redécouvrir ce poète du Terroir. De nombreux interprètes les suivront, en ces Ch’ mins de Traverse, chacun ayant à cœur de mieux faire connaître la poésie de Gaston COUTE.
Début de XXIème siècle : C'est plus d'une quarantaine d'interprètes que compte dorénavant l'œuvre de Gaston Couté… Dans la lignée des Vania, Bernard et Gérard, ces interprètes se sont investis pour faire connaître ou découvrir au grand public cette poésie, toujours actuelle et vivante, en ce début de 21ème siècle. Nul doute que l'œuvre poétique de Gaston Couté a encore de beaux jours devant elle.
Gaston Couté (1880-1911)
Il est sûrement parmi tous les poètes que Gérard Pierron a chanté, celui qui prend la place la plus importante dans sa carrière de mélodiste et de chanteur.
Entre 1969 et 1999, c'est plus de trente textes de Gaston Couté
que Gérard a mis en musique et interprète dans ses spectacles.
Gérard et Gaston Couté
En février mars 1978, Michel Rebourg faisait paraître dans le quotidien "La République du Centre" une série d'articles intitulée "Sur les traces de Gaston Couté". En voici ici deux extraits.
Le premier relate sa visite à Meung-sur-Loire et sa rencontre avec les "amis" de Gaston Couté et le second rapporte une soirée spectacle avec Gérard Pierron.
"Comment es-tu venu à lire, à interpréter Gaston Couté ?
Gérard Pierron : J'étais à l'époque à Montmartre (1967) et un copain m'avait invité à prendre un pot chez lui. On a écouté un disque réunissant des chansons, des poésies de " poètes maudits " et parmi celles-ci je remarquai " Jour de lessive " interprétée par Pierre Brasseur.
Chanson dont je me souvins deux ans après qui me revenait à l'esprit et qui me donna l'envie de mieux connaître Couté.
J'allai donc faire le tour des bouquinistes en demandant à l'un, à l'autre, s'il ne connaissait pas l'auteur de ce poème. Quelques-uns me répondirent Jacques Prévert (effectivement, il y a un texte de Prévert qui porte ce titre). Et enfin on me répondit : " cela doit être Prévert ou Couté ; en effet je connais bien, j'ai un livre sur sa vie et je vends également des volumes du " Gâs qu'a mal tourné". C'était Louis Lanoizelée.
Des mélodies se bousculaient ma tète, j'en montre deux à Léonardi et Monique Morelli, interprète de Couté, puis le silence pendant cinq ans.
En 1990, l'éditeur Christian Pirot a publié "Gaston Couté, les mangeux d' terre" avec un avant-propos de Gérard Pierron :
Aujourd'hui, nous avons occupé - mon ami Édouard Dupain et moi - des positions élevées. Nous avons travaillé sur le toit. Maintenant, nous nous réchaufTons près de la cheminée où se consument chevrons pourris et lattes.
Le charpentier couvreur lit à haute voix un poème de Gaston Couté avec son accent morvandiau. Avec lui " L'école " devient " L'instruisou". J'adore.
La radio parle de l'assassinat de Malik. De ce trop de cynisme, on n'en peut plus. Nous avons compris depuis belle lurette que les chants révolutionnaires ne marchent qu'à trois cents mètres par seconde. Et le chemin est long à parcourir, Édouard Dupain semble satisfait de sa lecture. Il n'est pas homme à s'emballer. L'emploi des superlatifs, c'est pas son truc. Il se gratte le dos avec l'extrémité de son mètre à ruban et dit tout simplement : " C'est un fort".
" Gaston, tu m'as fait gagner ma vie ces dernières années. Grâce à toi j'ai parcouru toute la France profonde et j'ai trouvé bien du chang'ment depuis ton passage."
Mais tu sais, en 1989, il y a encore des p'tits vins qui se laissent boire... Tu aimeras celui de ton cadet de deux ans, Eugène Bizeau, le chansonnier de Véretz. C'est un p'tit blanc des côtes du Cher, très bien vers onze heures du matin ".
Bientôt l'Océane annonce de ses grands panneaux " Viaduc des Mauves ". Nous sommes en Beauce, à 136 kilomètres de Paris, un peu avant Meung-sur-Loire. Le moulin de Clan où Gaston Couté passa son enfance avant 1900 est bien là debout... tout frais recrépi. Ami automobiliste, quand tu auras franchi les Mauves, ces petits ruisseaux aux bords desquels flânait un gamin-poète, lève ton chapeau ! Le chemin que tu viens de faire à 130 à l'heure, il l'a fait à pied." Le P'tit Crème est un groupe musical orléanais fondé en 1992 et interprétant de la chanson française, notamment sur des textes du poète beauceron Gaston Couté.
Le P'tit Crème est un groupe musical orléanais fondé en 1992 et interprétant de la chanson française, notamment sur des textes du poète beauceron Gaston Couté.
Une belle illustration de l’œuvre de Gaston Couté. Excepté deux morceaux signés de Gérard Pierron (« Les cailloux », « Le gas qu’a perdu l’esprit »), le reste des musiques est signé de ce groupe et sonne avec justesse, entre guitares folks et accordéon. A noter la présence sur ce disque de Bernard Gainier, paysan beauceron, pour quelques textes dits avec truculence dans le patois de ce terroir (« Les électeurs », « Le christ en bois »…). Pour la modernité sans cesse retrouvée de Gaston Couté !
Le P'tit Crème
chante
Gaston Couté
Le nouveau CD du P'tit Crème " Les électeurs "
disponible depuis le 22 Mars 2002
Gaston Couté
(1880-1911)
Qu'est-ce qui peut bien valoir à Gaston Couté mort en 1911 à l'age de 31 ans, une audience que bien d'autres poètes ont perdue?...
La réponse est dans les textes. Lisez quelques uns d'entre eux qui se trouvent sur une autre page de ce site et comparez deux époques. Jugez s'il y a quelques chose de changé fondamentalement dans la société. N'est-elle pas sur ses bases, en 1997, telle qu'elle était en 1900?
L'injustice, l'hypocrisie, la veulerie, la couardise, le nationalisme, la connerie..., autant de maux qui nous sont familiers et d'attitudes qui nous habitent parfois («parfois» pour ménager les susceptibilités).
Le P'tit Crème 2002
1990, Bruno, François et Jean, 3 copains des environs d'Orléans, passionnés de musique décident de consacrer un peu de leur temps à mettre en musique certains des poèmes de Gaston Couté.
Au fil du temps de nombreux amis de Gaston Couté les rejoignirent.
On attend beaucoup de monde samedi 22 et dimanche 23 septembre pour le deuxième festival consacré à Gaston Couté, chansonnier montmartrois, organisé par la municipalité de Meung-sur-Loire, ville où il a vécu toute sa jeunesse...Tout un programme est proposé autour du « gars qu’a mal tourné », une nouvelle exposition, en place jusqu’au 30 septembre, en plus de la permanente, au musée de « la Monnaye », salle Eric Doligé. Charlène Gilbert, la conservatrice, y a recueilli plus de 250 documents, panneaux de l’éditeur de l’époque, textes et manuscrits, journaux, cartes postales, photos. C’est le seul musée français consacré à ce poète de la terre, né à Beaugency en 1880 et mort à 30 ans, qui a écrit plus de 300 textes, parfois très « libertaires ». Samedi à 16 h30, projection d’un film, au théâtre de « La Fabrique » , « La belle époque de Gaston Couté », réalisé par Philippe Pilard,(il est conseillé de réserver rapidement), suivi par une soirée Cabaret de 19h à …2h du matin ! Le tout sous la houlette de Claude Antonini avec 18 interprètes de Couté, à la salle des fêtes. Dimanche est prévue une scène ouverte, animée par Vania Adrian Sens et son orgue de barbarie, au marché, place du Martroi. Chacun pourra y interpréter les textes de son choix ! Un concert d’1h 30 environ, lui succèdera, à 15 h, cette fois avec le groupe saranais « Le P’tit Crème », au théatre « La Fabrique ». Rendez-vous à Meung, pour fredonner les airs de la belle époque de Couté ! A.P. Film 3 €, soirée cabaret 15 € (tarif réduit 10 €) et concert « le P’tit Crème » à 10€. Réservations au 02 38 44 32 28 à l’Office du tourisme de Meung-sur- Loire.
On a coutume de représenter Gaston Couté en « poète paysan », c'est un raccourci facile. Il n'est sans doute pas plus paysan que vigneron, il n'a pas davantage touché au manchon de la charrue qu'au sécateur ! Mais il a su peindre avec talent les gens de la campagne, les petits comme les gros, les pauvres et les puissants, les gens de la moisson comme ceux de la vendange.
Cependant, à la lecture de son oeuvre, on a le sentiment que, sur son chemin de traîneux, la vigne et le vin l'accompagnent de bien plus près que la terre et le blé. A la rudesse des mangeux d'terre , Couté préfèrera souvent la chimère des amis de la vigne. Pour lutter contre la faim qui le taraude, il privilégiera le jus de la treille : le blé reste pour lui synonyme de cupidité et d'avarice, de « l'avoir » qu'on ne partage pas, alors que le vin saura lui couper la soif, lui permettra de voir la vie meilleure, lui fera croire au « partage » sans lendemain et lui donnera l'illusion d'être à sa place dans une époque pas aussi belle qu'on le dit.
Avec le vin, il essaiera vainement d'aphysquer ses idé's rouges, ses idé's roug's et nouer's qui bougent dans sa caboch' de gueux et d' fou, de vouer tout en rose et crouer qu' si 'l a mal vu les choses c'est p'têt' pas qu'il était pas saoul. Le vin sera le symbole de la fête, qui permet l'espace d'une cuite d'effacer la réalité. Et s'il reconnaît qu'il n'a pas l' drouet au pain, il réclame le drouet à la chimère, "la chimèr' douc' des saoulés d'vin".
Tout au long de son bref parcours, le thème du vin et de la vigne ne le lâchera pas et, même dans la dernière année de sa vie, quand il confiera à la Guerre Sociale sa chanson d'actualité hebdomadaire, il mettra en scène la révolte des vignerons marnais de 1911, révolte des petits vignerons affamés par le négoce et les gros manipulants qui importent du vin du sud pour fabriquer le champagne : des maisons de champagne seront mises à sac dans la vallée de la Marne, des vignes seront brûlées et l'armée interviendra à Épernay et dans ses environs. Couté en fera plusieurs textes d'actualité, dont le beau et violent « Ces choses-là » : Au sac des celliers la foule s'acharne / Brisant les bouteill's, crevant les tonneaux ; / Les ruisseaux débord'nt de flots de champagne / Et les vign's avec leurs grands échalas / Sont comm' des bûchers au coeur des campagnes
Couté a disparu depuis bientôt un siècle et pourtant. à Meung sur Loire, là où il a grandi, pousse encore une vigne, la dernière du coin. Et cette vigne donne un petit gris meunier dont la principale qualité est de mettre des moigneaux dans les coeurs. Celui qui la soigne, c'est Bernard Gainier, un gars qui, d'après ce que certains racontent, dit Couté « comme un prince ». Mais c'est faux, Bernard Gainier, comme le rappelle Jacques Lambour, ne dit pas Couté, il « parle Couté ». Car le Couté est une langue qui se parle avec le coeur, qu'on apprend avec le coeur et qu'on comprend à Montmartre comme sur le bord des Mauves. Suffit d'avoir du cour.
Et dans l'entourage de ce vigneron peu commun se trouve une dame, la « Grande Claude », comme il dit, la « mal tournée », comme elle dit. Cette dame, qui depuis toujours met en musique et interprète les poètes « pas assez connus », c'est Claude Antonini. De sa voix grave, chaude et rebelle, elle en a chanté des inconnus, elle en a déniché des poésies rares, après Paol Keineg , Jean Dieudonné Garçon ,sans oublier Armand Olivennes, toujours en recherche, elle rencontre au cabaret du Pétrin, Vania Adriensens, apportant dans ses valises parisiennes sa passion pour Gaston Couté . C'est alors qu' a commencé pour elle une saga qui n'est pas près de se tarir avec cette « Cuvée du Cigalier »,
elle revient encore à Couté. Divorce impossible !
Pour accompagner ces deux-là, des musiciens, des amis, des compagnons de chemin escarpé, Thierry Brossard et Vincent Viala, deux louches mélodistes, Jean Foulon, François Gerbel et Michel Monié, trois p'tits crèmes un peu blueseux ! Ils savent mettre sur les mots de Couté les notes qu'il faut, ils savent faire vivre la musique déjà présente dans les textes du poète, ils savent mettre leur swing, leur rythme et leur talent au service de son ouvre.
Bref, cette « Cuvée du Cigalier » a su prendre le soleil de l'été et s'annonce des meilleures. A consommer sans modération. C.L. Juillet 2005.
Pour obtenir le CD s'adresser à la Compagnie d´Ariane (21 rue Aignan-Thomas Desfriches 45000 Orléans 02 38 86 66 91 et http://www.compagniedariane.com le courriel suivant : (ariane@compagniedariane.com)
23 septembre 1880 : Naissance à BEAUGENCY (Loiret). Son père était meunier au Moulin des Murs. Détruit lors du bombardement de 44, ce moulin a fait place à un square qui porte précisément le nom du poète. La famille Couté aurait déménagé de Beaugency à Saint-Pryvé Saint-Mesmin (45) avant de venir à Meung à la fin de l’année 1884 dans une maison entourée de ses vignes.
1889 : Ce ne serait qu’en 1889 que Gaston Couté, sa sœur et ses parents s’installeront au moulin de Clan, sur un bras de la rivère "Les Mauves ", à 4 kilomètres de MEUNG-SUR-LOIRE. C'est alors la ville de la minoterie : tout le grain beauceron vient s'y moudre. C'est aussi la cité des poètes : Chopinel, dit Jehan de Meung, y écrivit la seconde partie du Roman de la Rose et François Villon termina dans les cachots du château son Grand Testament. Deux poètes révoltés animés par la même soif de justice. Gaston Couté y fut à bonne école. A propos d'école, Gaston fréquente l'école communale de La Nivelle (village des faubourgs de Meung-sur-Loire), puis le Cours complémentaire de Meung et, après son échec quasi volontaire au Brevet élémentaire, il devient interne au Lycée Pothier d'Orléans en septembre 85. Dans une classe supérieure à la sienne, l'élève Couté fait connaissance d'un certain Pierre Dumarchay ; bien des années plus tard, il retrouvera ce camarade à Montmartre sous le pseudonyme de Pierre Mac Orlan.
1896 : Premier récit de Couté édité dans la " Meunerie Française ". A partir d'avril 97, Couté (sous le pseudonyme de Gaston Koutay), donne des textes à la " Revue littéraire et sténographique du Loiret ". En décembre, il quitte le lycée.
1898 : Il est commis auxiliaire à la Recette Générale d'Orléans, puis muté à la Perception d'INGRÉ (prés d'Orléans). Il devient reporter au " Progrès du Loiret "etse met à écrire des poèmes. Des poèmes! A-t-on idée?. Lors d'une soirée chansonnière, l'animateur de la tournée invite les spectateurs à monter sur les tréteaux. Gaston Couté n'hésite pas : il escalade les planches et déclame "Le Champ d'naviots". Le directeur de la troupe Castello, l'impresario dirait-on aujourd'hui, n'en croit pas ses oreilles ! Voilà à coup sûr un chansonnier dans la pure tradition montmartroise ! Ce compliment ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd...
Le 31 octobre 1898 : Couté arrive à PARIS, à l'âge de dix-huit ans. Il dirige aussitôt ses pas vers cette fameuse Butte Montmartre. Il débute au cabaret " Al Tartaine" (Bd de Rochechouart). Le succès du petit Beauceron ne se fait pas attendre. De tous les quartiers de la capitale, on vient écouter le cri de ce " poète en blouse ", de ce paysan qui parle un patois inhabituel aux images si crues et si justes.
Septembre 1899 : voyage avec Maurice Lucas vers GARGILESSE en passant par CHATEAUROUX.
1900 : Conseil de révision : COUTE est ajourné. Il sera plus tard réformé définitivement.
1902-1907 : son nom sinscrit bientôt en gros caractères sur les affiches de " la Nouvelle Athènes", de " l'Ane rouge", des "Funambules", du "Lapin agile", du "Conservatoire", du "Carillon", des "Quat'z arts", du "Pacha noir", de " Gringoire "... Il devient même, pour quelques mois, co-directeur du cabaret " La Truie qui file " avec Dumestre et Dominus ! D'emblée, Gaston Couté devient une des figures les plus pittoresques et les plus sincères de la Butte !
Hélas ! Le poète préfère souvent les tables de bistrots aux scènes qui le réclament : peu à peu, les portes des cabarets se ferment. Pour ne rien arranger, les esprits changent. "Les grenouilles de bénitier fêtardes, écrivait André Sauger veulent bien écouter des plaisanteries égrillardes, mais elles ne prisent guère ce genre de propos et encore moins ceux qui, comme Gaston Couté, mettent leur plume au service de la vérité et de la liberté de l'esprit. Ils n'aiment point, ceux-là, qu'un poète se permette de confesser les joies et les douleurs de la multitude." Coutése retrouve fréquemment sans le sou, sur le pavé. Ce sont alors les privations, les cachets de misère, les meublés glacés et les maigres cafés crèmes. C'est aussi l'absinthe, car Couté s'adonne à la boisson et sa santé fragile s'altère.
Conscient de son état, il abandonne parfois la Butte et, à pied, en compagnie de quelques complices, ses amis Tony Taveau et Pierre Mac Orlan, il revient passer l'été à ROUDON, chez la mère VITRY, à qui il loue un bâtiment vite baptisé "La Turne".
1910 : Atteint de tuberculose, Couté s'affaiblit peu à peu malgré les efforts de ses amis qui font tout pour lui procurer quelque argent, afin qu'il se soigne mieux. Gustave Hervé l'engage dans son journal anarchiste "La Guerre sociale" et lui commande, moyennant un salaire confortable, une chanson par semaine. "Écrites sur des sujets d'actualité, raconte Louis Lanoizelée, ces chansons pouvaient se chanter sur des airs connus. Bâclées à la dernière heure, elles étaient trop violentes et dépassaient ainsi le but qu'elles voulaient atteindre ! " COUTÉ est poursuivi pour outrages à la Magistrature, preuve que les personnages visés ne se sentent guère à l'aise ! En traînant Couté devant les tribunaux, les autorités penseront impressionner et museler l'audacieux dont les chansons agissaient comme un véritable ferment révolutionnaire. Mais c'est peine perdue car au terme du procès, le président s'entend dire par l'avocat : " Vous venez de condamner un mort ! Gaston Couté n'est plus. "
Il s'était éteint le 28 juin 1911, à l'Hôpital Lariboisière après avoir tenté un ultime rétablissement dans les cabarets de BRUXELLES. Comme tant d'autres poètes maudits, Gaston Couté est mort d'épuisement, d'incompréhension et d'alcoolisation à l'âge de 31 ans ! Le 1er juillet, il est inhumé dans le cimetière de MEUNG-SUR-LOIRE.
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